31 March 2013

L'horaire du biopoliticien

Depuis ce matin, après le petit-déjeuner, depuis l'instant où j'ai jeté un oeil sur l'affichage de l’horloge du PC, je ne décolère pas. Dans la nuit, les enculés, qui régissent la vie du troupeau des crétins-citoyens, ont avancé l'heure de 60 minutes. Pour le moment, je n'ai toujours pas synchronisé la seule horloge de l'appartement, un antique réveil électronique dont l'affichage digital indique encore l'heure d'hiver, mais je finirai par m'y résoudre, ne serait-ce que pour m'éviter de faire, mentalement et malgré moi, la conversion en horaire d'été. L'idée de me soumettre à ce dictât débile, même si ça ne changera rien à mon comportement, dans le sens où je ne vis qu'en fonction de ma propre horloge biologique, me rend vert de rage. Ça me rend vert de rage, parce que le fait que quelques types puissent obliger des millions d'individus à rogner sur leur sommeil, en les faisant lever au milieu de la nuit, pour les expédier avant l'aurore aux travaux forcés, me semble quelque chose d'absolument intolérable. C'est signifier ouvertement aux membres du troupeau que rien ne leur sera épargné, que tout sera fait pour les abrutir autant que possible, en préservant uniquement leur force de travail, la seule chose qui importe à tous les charognards assoiffés d'argent et de pouvoir. Mais, je crois que ce qui me rend encore plus enragé, c'est de savoir que des millions de crétins acceptent ça sans broncher, et pire, qu'une large partie d'entre eux trouvent ça formidable. Connards !

28 March 2013

Notes sur mes photographies

Rien à lire sur ces images qui puisse étonner, surprendre, choquer, bouleverser celui qui prendra le temps de les faire défiler sur son écran. Ni plus ni moins de ce type d'émotions n'est à attendre des séries d'images précédentes, idem pour celles qui suivront. Rien de grave, d'important, de mémorable n'est inscrit dans les textes qui accompagnent les images. La somme des photographies et des textes qui s'affichent sur les pages que je publie sur Traverses, depuis une dizaine de jours, maintenant, peuvent être assimilées au genre photographique bien connu qui est celui du reportage, c'est vrai. Mais, comme je l'ai déjà fait remarquer, et en admettant qu'on puisse parler de reportage, aucune volonté d'instruire le lecteur ne guide mon entreprise. Aucune prétention à une quelconque objectivité, non plus. Ce n'est donc pas du reportage, car je me tiens loin du désir d'informer, d'éduquer ou de persuader qui que ce soit.

Par ailleurs, j'ai cru, il y a déjà quelque temps, que je cherchais à révéler, par mes photographies, des pans obscurs de la Beauté dissimulée dans des objets ou dans des scènes ordinaires. J'ai cru cela parce que je me suis laissé aller à écouter d'une oreille le discours de ceux qui luttent avec une volonté farouche pour que la Beauté du monde ne soit pas ensevelie sous un amoncellement d'immondices, produits inévitables de la marche en avant de notre ignoble civilisation. C'est vrai, notre civilisation — plutôt la leur, parce que rien dans cette chose ne m'appartient — n'est pas des plus ragoûtantes. D'accord pour dire que nous vivons une époque absolument merdique. Mais, je dois être honnête. Aucune recherche du beau ne préside à ma pratique quotidienne de la photographie. Pas plus de ce côté que du côté "poids des mots, chocs des images", c'est-à-dire du côté illusoire du reportage. Je m'en suis rendu compte en remarquant qu'il ne viendrait jamais à l'idée d'un reporter, d'un touriste, ou même d'un artiste — quoique... de nos jours, les artistes ne reculent devant rien —, de prendre pour objet ce que je photographie habituellement.

Autre chose : je ne peux pas faire entrer ces images dans le cadre de la photo souvenir, car les scènes figées et numérisées par le Nikon ne sont pas à verser dans un précieux album que je regarderai la larme à l'oeil dans quelques années — en supposant que je vive si longtemps. Tout simplement parce que tout ce qui se trouve transcrit en images sur ces séries n'a, pour moi, aucune valeur affective. De l'église Sainte-Thérèse, au quartier de La Paillade, en passant par les berges du Lez ou les vignes de Vendargues, tout me laisse totalement froid, indifférent sur le plan émotionnel. Cette ville n'est pas la mienne, cette région encore moins. De toute manière, aucune ville, aucune région ne sont à moi, aucun pays n'est le mien. Et sûrement pas la région de Montpellier que je trouve particulièrement moche et abîmée, et même ravagée sous certains aspects. Pas d’appropriation possible, pas même l'idée d'une adoption.

Alors, pourquoi faire ces photos ? C'est simple : parce que si je ne les faisais pas personne d'autre ne les ferait, sauf, peut-être les cameramen de Google Street. Je suis d'ailleurs persuadé qu'ils travaillent dans un état d'âme similaire au mien, sauf qu'ils y apportent beaucoup moins de soins que moi. Ce qui m'amène à préciser, parce que je viens d'y penser, que je ne fais pas mes photos comme ces types munis d'un smartphone qui bombardent Instagram d'images insignifiantes, prises n'importe comment, sous le coup d'une émotion quelconque. Mes prises de vue ne sont pas comparables à celles d'Instagram affichant une pizza, un cornet de frites, un verre de bière, une image furtive prise de la fenêtre d'un bus, d'un métro, d'un train, les branches d'un arbre à contre-ciel, une affiche collée contre un mur, un graffiti, une silhouette sur sa moto, l'inévitable autoportrait, l'enfant gazouillant dans son berceau, l'ivrogne affalé sur le tapis au pied de son canapé, c'est-à-dire l'adulte que sera l'enfant dans quelques années, etc.. Non, rien à voir avec ces images faites pour immortaliser l'instant présent. Ces photos, prises au smartphone, sont produites avec encore moins de soins que ne leur prodiguent les opérateurs de Google Street, par contre, elles se veulent chargées d'instants vécus, d'émotions... Émotions à la con... Mais bon, passons...

Donc, c'est plutôt du côté de la photographie, comme peut en produire Google Street, qu'il faut ranger ces séries. Avec pour différences : le cadrage est soigneusement choisi, je ne prends pas tout et n'importe quoi, je n'ai pas besoin de flouter les visages, car j'évite de faire entrer dans le champ des personnages, je ne floute pas les plaques d'immatriculation des véhicules dont les propriétaires n'avaient qu'à pas se trouver là au moment de mes prises de vue, des prises de vue faites, la plupart du temps, à hauteur d'homme et non pas du haut d'une perche d'environ 2 mètres, et, dans l'ensemble, mes images sont de meilleure qualité que celles diffusées sur Google Street. Par contre, je retrouve l'atmosphère, l'ambiance que produisent les images de Google dans mes propres images. Celles de Google et les miennes ont un côté assez impersonnel, qui traduit bien le manque d'émotion de l'opérateur au moment de la prise de vue, ne cherchant ni à magnifier ni à déprécier ce qu'il a sous les yeux, mais seulement désireux de montrer les paysages tels qu'une caméra peut les restituer, dans un agencement plus ou moins complexe de formes et de couleurs.

Puisqu'il est question de couleurs, je me dois de faire remarquer aux éventuels spectateurs qu'aucune de mes images n'a échappé au traitement Photoshop. Là encore, rien de "naturel", aucune volonté d'objectivité par rapport à la réalité perçue. Dernière remarque qui, dans le cas des séries photographiques regroupées sous l'intitulé « Zones urbaines et suburbaines », m'amène à conclure quant à ma motivation principale. En dehors du fait de rendre à mes yeux perceptible l'extension inexorable et presque invisible — tant la situation semble banale, normale, inévitable — de la ville en direction de la campagne, je ne vois que la volonté de produire des images au contenu esthétique. Il faut alors entendre esthétique au sens premier du terme formé sur le grec : α ι ̓ σ θ η τ ι κ ο ́ ς, « qui a la faculté de sentir ; sensible, perceptible » et α ι ̓ σ θ α ́ ν ο μ α ι « percevoir par les sens, par l'intelligence ». La photographie n'étant rien de plus qu'un médium, un canal, un outil au service de l'intelligence. Et, comme tout outil, la photographie s'utilise avec plus ou moins de dextérité, de discernement afin d'obtenir de la transformation d'un objet, d'un sujet, le meilleur résultat possible, le plus intéressant.

24 March 2013

Vacuité

C'est cyclique, ce n'est pas la première fois que ça m'arrive : le Web me fatigue ! J'ai beau passer d'une page à l'autre, de Google Plus à Twitter, jeter un oeil sur Google News ou faire défiler quelques images sur Pinterest, rien ne retient mon attention. Pire, je n'y vois qu'un ramassis de conneries. Un désintérêt qui s'est plusieurs fois produit par le passé, mais qui qui n'a jamais duré bien longtemps, quelques jours tout au plus. C'est un peu différent dans le cas présent : le rejet du Web prend de plus en plus d'ampleur et s'étale sur plusieurs semaines. Je n'alimente presque plus mes blogs, et encore moins mes Tumblr. Une réaction probablement liée au manque de tonus provoqué par la fin de l'hiver. Pourtant, je sens que le malaise est plus profond. Le Web peut sembler vaste et donner l'impression qu'il regorge de trésors cachés. Je ne prétend pas que je n'y trouve plus rien. Il m'arrive encore de pousser une légère exclamation en découvrant un site ou un autre. Mais ce sont là des trouvailles qui se font de plus en plus rares. Il faut garder à l'esprit que, si le nombre d'internautes est maintenant phénoménal, très peu d'entre eux produisent véritablement du contenu, et ceux qui produisent des données se contentent trop souvent d'imiter des sites qui ont préalablement obtenu une certaine reconnaissance et qui généralement n'ont pas échappé à mes recherches. Aussi, au bout d'une quinzaine d'années passées à surfer, je ne devrais pas être trop étonné de pousser autant de soupirs en tombant sur des choses sans originalités, du déjà vu et revu, parfois des dizaines de fois. Mais, là, les soupirs sont beaucoup trop fréquents. Il va falloir que je me décide à opter pour une solution plus radicale que celle qui consiste à déplorer l'inutilité, la vacuité, la stérilité de mes navigations en ligne. Il me faut changer d'activité ! Faire plus de siestes en compagnie de mes animaux, par exemple. Et, surtout, passer beaucoup plus de temps avec eux. Ils ont des conversations bien plus savantes que celles que je pourrais avoir sur les réseaux sociaux. Ils m'enseignent mille fois plus de choses que ce que toute la Webosphère réunie ne pourra jamais faire. Ça sera tout pour aujourd'hui.

22 March 2013

Sur deux colonnes

Je viens de publier Au loin, La Paillade, septième et peut-être dernière page de la série Zones urbaines et suburbaines. J'écris que je viens peut-être de mettre en ligne la dernière page de cette série de photographies, parce que créer de toutes pièces des pages HTML demande d'avoir pas mal de temps devant soi, alors qu'il est bien plus facile de publier des photos en utilisant une plate-forme conçue pour un blog, telles que Blogger, WordPress ou, encore plus simple, Tumblr. Outre le fait que, pour les besoins de cette série, j'ai retravaillé toutes les images avec Photoshop, ce qui m'a aussi demandé pas mal de temps, c'est la rédaction des textes qui me dissuade, aujourd'hui, de poursuivre bien longtemps dans cette voie.

Écrire est certainement l'activité qui, de toutes celles qui permettent généralement d'occuper "intelligemment" son temps, me semble la moins attrayante. Je préfère parfois encoder une page en HTML, plutôt que d'avoir à rédiger du texte dans la langue de Molière. J'aime lire les écrivains qui savent écrire, je lis beaucoup plus que la moyenne de mes contemporains — ce qui ne demande même pas d'être un athlète de la lecture —, mais je n'ai jamais caressé l'envie d'imiter un écrivain.

Écrire est une entreprise qui exige énormément d'ingéniosité, un entraînement intensif, une longue expérience. C'est une véritable industrie qui oblige à s'engager sur un parcours semé d'innombrables embûches, à se déplacer la peur au ventre sur un terrain miné. Et, pour peu que la production de textes réussisse plus ou moins bien, cette entreprise ne rapportera rien au final, sinon des montagnes d'emmerdements, de déceptions et désillusions en tout genre. Il faut être quasi-illettré, presque inculte et vraiment niais pour imaginer une carrière faite de l'exploitation d'une langue naturelle quelconque. Un orpailleur installé sous l'un des ponts de la Seine a de meilleures chances de réussir sa vie, que n'importe quel professeur agrégé de Lettres en possession d'un PC équipé d'un traitement de texte. Ne parlons pas des autres, de tous ceux qui ne possèdent qu'un ordinateur et quelques bandes dessinées rangées à proximité, sur des étagères Ikea-Roche-Beau-Bois régulièrement dépoussiérées. Ces petites cervelles, umeris gigantum sedentes credentibus, peuvent toujours fantasmer, rien ne leur interdit d'y croire, aucune loi ne pourra leur défendre de mettre en forme les epub qui font la gloire des catalogues mis en ligne par d'héroïques éditeurs de « littérature exigeante » — soit le meilleur slogan pour ces choses culturellement misérables. Je suis convaincu de pouvoir facilement produire des textes bien plus lisibles que ce que ces niais peuvent rédiger. Seulement, comme je le dis plus haut, je ne trouve aucun plaisir à patauger des deux pieds dans ce type d'activités.

Je me plie aux règles de la syntaxe uniquement les jours où je n'ai rien de mieux à faire, histoire de donner un peu plus de volume à ce blog, ou alors, quand je pense que quelques phrases, une fois éditées sur deux colonnes, auront un joli petit effet esthétique dans la présentation d'une page HTML pleine de photos.

Voilà, pour le moment, je n'ai rien de plus à dire.

19 March 2013

Sabir

Expliquez quelque chose clairement et simplement à quelqu'un, il ne vous écoutera pas. Racontez-lui n'importe quoi, une histoire sans queue ni tête dans un sabir abracadabrantesque qui lui donnera l'impression que vous êtes un expert ou, mieux, un poète, il vous remerciera d'avoir éclairé son esprit et vous dira qu'il vous a parfaitement compris. Connard !

17 March 2013

Deux pages

Il a plu toute la journée. Je n'ai donc presque pas quitté mon poste, je suis resté rivé au siège du fauteuil, face à l'écran du PC. J'en ai profité pour créer deux pages que j'ai ensuite mises en ligne sur Traverses : Zone Urbaine et Avenue d'Assas. Deux pages composées de photos faites vendredi dernier, accompagnées d'un texte. Ça parle de quelques aspects de la charmante ville de Montmerdier. Je me suis promis de créer d'autres pages sur ce modèle, parce que les photographies ne subissent pas la compression infligée aux fichiers .jpg par les serveurs des plates-formes comme Tumblr et sont donc de meilleure qualité. De plus, elles s'affichent directement au format original, alors que, sur Tumblr, WordPress ou Blogger*, il faut souvent ouvrir trois pages consécutives pour visionner des images publiées en grand format. Éditer en créant ses propres pages demande plus de temps que pour éditer sur une plate-forme qui supporte des blogs. C'est un inconvénient. Pourtant, je vais quand même essayer de recourir plus souvent à mon serveur que par le passé. Le temps que je perds inévitablement sur Google Plus, par exemple, devrait être employé à poursuivre la construction et l'amélioration de Traverses. Ce qui me procurera de plus grandes satisfactions.

*ce n'est plus le cas pour Blogger depuis le 23/03/13 : le slider, mis en place l'année dernière, est supprimé.