26 August 2009

Tribus de maquereaux

Voilà le credo d'un tas de crétins qui vous bassinent en permanence sur la Toile. On se croirait revenu aux années Bernard Tapis quand n'importe quel peigne-cul pensait avoir la possibilité de devenir milliardaire du jour au lendemain simplement en adoptant les manières du nabab "made in France" découvertes dans son autobiographie pleine de bons conseils pour l'époque. On a eu un autre guru, par la suite, dont je ne me souviens plus du nom : un type qui avait des trous dans ses chaussettes et travaillait dans l'industrie des loisirs. Comme pour Tapis, la génération de vendeurs hexagonaux suivante ne parlait que de lui.

Depuis, le contexte a changé : les lancinantes répétitions, la doxa omniprésente concernant "la réussite" sociale, ce discours qu'on entendait sur les radios, à la TV, puis dans toutes les cafétérias des supermarchés du territoire, s'est adapté pour devenir le message qu'on peut lire maintenant en ligne et qui passe en boucle sur les réseaux sociaux. C'est un discours recomposé pour la circonstance. Il est décliné à toutes les sauces, sous de multiples variantes, dont une des premières a fait fureur sur l'espace francophone : celle de Loic Lemeur, le Serial entrepreneur !

Aujourd'hui, le credo se résume ainsi :
"Les leaders n’ont pas de traits en commun, sauf ceux-ci : un refus constructif du statu quo, une énergie et un optimisme qui leur permettent de changer les choses et d’offrir une plate-forme d’action aux gens qui ont envie de travailler dans leur sens - de les suivre. Car vous ne serez pas un leader tout seul : vous avez donc besoin d’une tribu, c’est-à-dire d’un «groupe de personnes connectées entre elles, connectées à un leader et connectées à une idée». Alors créez votre tribu - ou trouvez-en une qui a besoin de vous. Les possibilités sont immenses." [Seth Godin, Tribus]
D'emblée on remarquera que la première affirmation est fausse, car les "leaders" ont bien un trait commun : tous partagent la même foi, tous pensent qu'il leur faut une tribu, c'est à dire une armée d'esclaves qu'ils vont utiliser à la réalisation d'un rêve commun : devenir le leader maximo. Si ce n'était pas le cas, ils n'entraient certainement pas dans la catégorie "leader" et ne seraient pas identifiés par ce terme. Pour composer leurs armées de bourrins, les leaders se livrent tout azimut à des opérations de séduction/captation dénommées "communications" dans le jargon des maquerelles du Web. Ce battage est, au fil du temps, devenu insupportable : passer entre les mailles du "buzz", outil primaire de la communication, est un véritable parcours du combattant, quasi impossible à réaliser lorsqu'on navigue en ligne. Pas une seule journée passée sur la Toile sans qu'un des membres d'une "tribu" quelconque vienne vous solliciter pour essayer de vous gagner à sa "cause". Comme le disait Flaubert dans ses correspondances : "Il y a entre les hommes une sorte de pacte fraternel et tacite qui les oblige à être maquereaux les uns des autres."

Barrez vous bande de fumiers ! Ramassis de clochards du Net, branleurs improductifs qui ne savent rien faire de mieux que du copier-coller ! J'en ai assez de vous avoir dans mes jambes, de vous trouver vautrés sur ma route presque partout où je me rends sur le Web. Dégagez... s'il vous plait !!!