02 July 2011

Je me prépare au pire

Hier, Pepe Le Perv, le plus célèbre des violeurs, en ce début de IIIème millénaire, a été "libéré sur parole". J'étais persuadé qu'il ne retournerait pas en prison, mais je ne pensais pas qu'il s'en sortirait si facilement. Bien sûr, le fait que le District Attorney Cyrus Vance Jr., soit complètement à la ramasse, et qu'il n'a donc pas dû être trop difficile d'exercer des pressions sur lui, sachant qu'il brigue un nouveau mandat, n'est certainement pas étranger à la libération du vieux libidineux. Évidemment, rien n'est définitivement joué dans cette affaire car, à ce stade, les accusations sont maintenues et la procédure suit son cours. Des interrogations sur les faits et la personnalité du pervers subsistent.

Mais, ce n'est pas simplement le fait que ce prédateur sexuel soit en liberté qui me pousse à réagir, c'est parce que j'ai pu lire que la majeure partie de la presse nationale et régionale française se félicite de savoir que ce type cours librement les rues, les restaurants et les lupanars new-yorkais. Si, je n'ai pas pris le temps de lire ce que les bloggers français en pensent, c'est parce que je sais par avance qu'ils sont dans le même état d'esprit que les vaillants journalistes, les faiseurs d'opinion de ce pays dont la population est majoritairement obsédée par l'argent, le pouvoir, la vinasse et le sexe. Je ne peux pas dire que l'affaire DSK révèle, en ce qui me concerne, quoi que ce soit sur l'ethos national, mais ça confirme, malheureusement, les représentations que je me suis faites, au fil des ans, au sujet du bon citoyen français, le démocrate parfait.

On me dit souvent que je vis en retrait, on me reproche - implicitement, la plupart du temps - de ne jamais participer aux activités et, encore moins, aux festivités du bon peuple français, on me tient pour un individu asocial, parfois marginal, mais peu de gens comprennent que je ne peux pas me laisser aller à la fréquentations de la majeure partie des habitants de ce pays sans réticences. Par ailleurs, plus d'une fois on m'a sorti la superbe tirade, celle que tout bon français connaît par coeur depuis son enfance : "Mais Monsieur, nous ne sommes pas du même monde !" Ceci avec l'air parfaitement indigné [cf. S. Hessel], comme savent si bien l'afficher ces quadrupèdes humains lorsqu'ils prononcent ce genre de formules magiques, en espérant vous écarter d'eux, le plus loin possible.

Et bien oui, et heureusement, connard ! Ça me ferait bien trop mal d’appartenir à ton monde de merde, à cette France moisie, rongée par la gangrène de l’hypocrisie, qui passe son temps à faire croire qu'elle prend la défense du faible, de l'opprimé, de la femme de chambre exilée et exploitée, mais qui célèbre sans vergogne le premier salopard qui leurs fait miroiter qu'en votant pour lui, puis en se soumettant à toutes ses volontés, il augmentera sensiblement l'épaisseur de leur misérable compte en banque ; que, grâce à lui, tous les foyers seront équipés d'un iPad ; et que les sexuels de tout poil pourront se donner autant de bon temps qu'il en a déjà pris dans les boites pour échangistes ou dans les chambres des Sofitel, aux quatre coins de la planète ; et, enfin, que ses intrépides électeurs au grand coeur pourront, à l'instar de son futur premier ministre humaniste, apporter du réconfort aux enfants du tier-monde en les initiant à la réflexologie plantaire, une méthode scientifique éprouvée, qui fait déjà le bonheur des petites secrétaires, même dans les régions les plus reculées de l'Hexagone.

Bref ! Mentalement, depuis que la campagne pour les présidentielles est lancée, je me prépare au pire. Je le dis, je le répète : je n'ai jamais voté, ni même pensé le faire une seule fois dans ma vie. Et, ce n'est sûrement pas en 2012 que je donnerai ma voix à qui que ce soit. Aucun des bâtards en lice pour la course au couronnement de la plus belle Ordure nationale ne pourra compter sur ma participation. Demain, encore moins qu'hier !