19 September 2012

Festivus est déprimé

L'équinoxe d'automne aura lieu dans trois jours, mais on sent bien que l'été est déjà fini. Depuis plus d'une semaine, les températures maximum ne passent pas la barre des 25°C. Hier, le ciel est resté gris presque toute la journée. Aujourd'hui, le vent frais soufflant du nord n'a pas chassé tous les nuages qui, furtivement, voilent assez souvent le soleil. Je ne regretterai pas cet été moribond, avec son atmosphère trop fréquemment chargée d'humidité faisant de cette saison une période désagréable à vivre. De toute façon, mes animaux et moi, nous sommes contents de voir venir l'automne parce que c'est la saison que nous préférons.

A cette époque, l'homo festivus est généralement déprimé, car il doit reprendre un travail qu'il déteste et sait qu'il va avoir des difficultés répétées pendant onze mois. Comme il n'a pas beaucoup le moral, il a tendance à la mettre un peu en veilleuse, d'autant plus qu'il faudra qu'il tienne le coup jusqu'aux premiers congés, c'est à dire jusqu'en novembre. Le beau bronzage, récolté en même temps que les mycoses sur les plages de la région, a déjà disparu — restent les mycoses —, ce qui accentue la mine maladive et l'impression que ce malheureux travailleur connaît toutes les peines du monde à reprendre le chemin de son existence routinière. Il a dansé tout l'été, le voici en train de claudiquer. D'ailleurs, les médias, à la solde des puissants — c'est bien connu, mais rarement admis —, font tout pour lui faire voir l'avenir sous le jour le plus sombre, histoire de calmer même les plus festivus de son espèce.

Alors, quand je délaisse un moment mes animaux pour aller au ravitaillement, je croise sur mon trajet, dans les rues et les supermarchés, des ombres blafardes* presque silencieuses, de tristes individus faciles à ignorer, accentuant ainsi la merveilleuse illusion d'être presque seul au monde, le dernier des hommes, des vrais, des sapiens.

Vive la fin de l'été, vive la rentrée, vive le début de l'automne, vive l'augmentation du pétrole et du gaz, et même des cigarettes ! Vive la crise !

* Notez l'oxymore, fait pour hausser d'un cran la valeur poétique du texte