La société du spectacle est dépassée au sens où le spectateur d'hier, celui dont parlait Guy Debord, est devenu acteur. "L’apparat est une mise en scène de soi" qui "permet de partager un goût, une sensibilité", selon Anthony Mahé, sociologue et spécialiste du comportement du consommateur. A. Mahé avance qu'"il suffit d’observer un certain nombre de tendances chez les classes moyennes : la propension croissante des dépenses depuis trente ans affectées au confort intérieur de l’habitat ou la banalisation des objets High Tech, coûteux sans être pour autant au sens économique "utiles". On aime s’entourer de biens de consommation parce qu’ils nous relient aux autres, ils font du lien social. Les biens inaccessibles font eux rêver, comme la robe princière de Kate ou l’Aston Martin de leur échappée nuptiale."
La "mise ne scène de soi" est devenu la règle pour tous. Si l'expression "snob" était très en vogue à l'époque de Debord, elle a, aujourd'hui complètement disparue, du fait que tout le monde est snob, c'est à dire que plus personne ne l'est. Si vous achetez un i-Pod, puis un i-Phone, et, dernièrement, un i-Pad, vous devez le faire savoir, d'une manière où d'une autre, et chaque nouveau modèle sera une occasion de vous remettre en scène.
Dominique Strauss-Kahn a été photographié le 28 avril embarquant à bord d'une Porsche lors d'une visite à Paris. S'en est suivie, dans les médias, bloggosphere comprise, une polémique qui n'en finit plus d’enfler, régal du bon citoyen français. Mais quand DSK roule en porche, il doit le faire savoir. C'est la règle !
PS - Je tiens à préciser que je ne roule pas pour DSK, ni pour aucun des cabotins de la Comédie républicaine française. Je fais de mon mieux pour échapper à la société post-spectaculaire, même si le simple fait de tenir un blog, me force, en quelque sorte, à y participer. Ceci en attendant de me retirer définitivement au sommet de la montagne que je gravis lentement, mais sûrement : les quatre roues motrices de ma Porche Cayenne de plus en plus mordantes, déterminées. J'ai hâte d'atteindre ma retraite olympique, surtout quand il m'arrive, comme ce matin, de mesurer le niveau de déchéance morale de mes contemporains qui se déchirent pour de telles broutilles.
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